Récit d'un stage à l'Agence VU' avec Darcy Padilla

Récit d’un stage à l’Agence VU’ avec Darcy Padilla

Plusieurs personnes de mon entourage m’ont demandé de raconter mon expérience du weekend de stage en compagnie de Darcy Padilla à l’agence VU’. Cela me touche de percevoir cet intérêt pour ce que j’expérimente en photographie. Du coup, j’ai décidé de partager ces quelques lignes, ainsi que les images effectuées lors de cette belle rencontre. N’hésitez pas à me laisser des commentaires ou autres réactions ici ou par mail. (contact@annebichsel.com). L’écriture n’étant pas mon fort,  j’y mets donc tout mon cœur pour transmettre ce que j’ai vécu ce weekend.

Lorsque, au hasard de mes recherches de stage en photographie, je tombe sur le Workshop proposé par lAgence VU’ à Paris, je ne connais que de vue le travail de Darcy Padilla (en particulier son projet Julia).

L’étape de l’inscription était facile; le payement douloureux mais quand on aime…

La suite a été moins évidente. La préparation d’un Portfolio ou de travaux en cours tout d’abord a été un vrai un casse-tête. La présentation et l’édition d’un portfolio fait sans doute partie de la formation de base de toute école de photographie (du moins je l’espère). Mais en tant que « selfmade woman », c’est moins, beaucoup moins évident.

Arrivée à Paris, mon magnifique comité d’accueil me réchauffe le cœur. Merci à vous.

Le premier après-midi en compagnie des autres participants, la présentation des divers portfolio a constitué la première baffe pour moi :  » Tu es hors sujet là ma grande« *.  Mais j’ai vite compris ce qu’on attendait des photographes  présents et j’ai su que j’allais apprendre beaucoup en 2 jours et demi : apprendre à raconter une histoire en quelques images et créer de l’émotion.

Bien, j’ai encore 2 jours pour montrer ce que je sais faire et comprendre ce que Darcy cherche à nous transmettre. « What are you interested in? Which theme moves you? »

Je manque rarement d’idées et lorsque notre maître de stage nous demande de réfléchir à un sujet pour notre histoire photographique, faisable en 2 jours dans Paris, les idées fusent… Mais la première barrière est évidente pour moi: avoir le courage de demander. Parce que c’est aussi ça la photographie. Demander à la personne si elle est d’accord d’être le sujet de ton histoire, si elle est d’accord que tu t’immisces dans sa vie pour plusieurs heures, jours voire années, qui sait.

Le soir je me balade en compagnie d’un ami (Merci Walle) dans les rues de Pigalle. Des millier de sujets se présentent à moi. Mais ce n’est pas ce que je veux faire. Une histoire sur un lieu comme les rues chaudes de Paris ne m’intéresse pas. Et prendre contact avec « une travailleuse de l’amour » ça prendrait trop de temps. Un autre sujet, d’une autre histoire peut-être.

Retour à ma « garçonnière » en taxi et c’est là que je fais la rencontre avec un monde qui est à la fois si présent dans notre quotidien et qui m’est en même temps totalement inconnu. Ceci m’interpelle. Comment transcrire ce que vit un chauffeur de taxi en images et dépasser mes connaissances de photographe journalistique pour aller plus loin, vers la photo que l’on peut appeler la photo « Fine Art documentaire » (?).

10h, samedi matin, retour à l’agence VU’ et discussion de nos projets respectifs. Je présente 3 idées: rencontrer et raconter une journée en caserne de Pompier qui se trouve dans le quartier (non, je ne ferai pas leur calendrier 2014 ^^), aborder la dame que j’ai vu mendier dans la rue et passer quelques heures avec elle, ou alors suivre la journée d’un chauffeur de Taxi.

11h30 nous sommes lâchés dans la nature: « Go and take pictures, a lot of pictures » .

C’est l’estomac serré que je me dirige vers la station de pompiers. Je prends mon courage à 2 mains et essaie d’expliquer mon idée, le cadre de la prise de vue et le but des images. Je savais que je ne pourrais probablement pas prendre des images sans des démarches administratives à l’état major des sapeurs pompier de la ville de Paris. Mais l’exercice pour moi était bien d’aller vers les gens et d’expliquer ma démarche le mieux possible. Un premier non et déjà une richesse de plus dans mon apprentissage de la photographie. Mon deuxième sujet, je lui repasse devant sans même essayer de lui parler. Les histoires de mendicité me paraissent trop faciles, déjà vues et trop proches du travail de Darcy. J’aimerais apprendre sans copier. D’un pas décidé je me rends à la station de taxi de la Trinité. Deux taxis attendent leurs clients. L’appareil photo bien visible je leur expose mon projet et demande si l’un d’eux serait d’accord de me prendre avec lui. Le premier refuse n’ayant pas bien compris mon but. Mais Malek accepte. Et me voilà projetée dans le quotidien de sa vie pour 2 heures.

Je sens que je ne suis pas satisfaite de ce que j’ai produit. Je reste trop dans ma photo. Je ne sais pas comment continuer et décide de retourner a l’agence et montrer mes première images.

Là, la baffe je l’avais préméditée!

« Do you have his phone number? »

« Yes »

« Then, call and go again, take more pictures, look and try. And stop zooming, move closer to the people »

Aaaahhhhh il faut que je le rappelle? Faire violence à ma manière d’être distante ou discrète afin de ne surtout pas gêner les autres … Encore un challenge pour moi.

« Allo Malek, bonjour, c’est Anne, la photographe qui vous a suivi ce début d’après-midi. Ma maître de stage n’est pas contente de mes photos et me demande de continuer de chercher d’autres angles de vue pour illustrer votre travail. Est-ce qu’il est possible que je revienne pour vos dernières heures de travail dans votre taxi? »   » Oui Anne. J’ai une cliente là mais je reviens vous cherchez. » Et me voilà repartie à travers Paris.

Et là tu te rends compte qu’en moins de 24h tu as dépassé tellement tes propres limites, pourquoi s’arrêter en si bon chemin.

En regardant ce que les autres participants ont produit (que je trouve bien meilleur que ce que j’ai fait et non, on ne change pas l’estime de soi en un weekend…), en voyant comment Darcy et Mathias (organisateur des workshops de l’agence VU’) choisissent, éditent et critiquent les images en proposant d’autres visions possibles, j’ai le sentiment d’être sortie grandie de ce stage tant au niveau apprentissage photographique que humainement.

Voici ma vision de l’histoire de Malek. J’ai ajouté 3 photos à la sélection drastique de Darcy et Mathias. C’est donc une autre vision que celle que vous trouverez sur le blog récapitulatif des travaux (cf. ci-dessous).

 

 

Le dimanche a été rythmé par la visualisation des travaux effectués pendant le weekend ou les projets des participants déjà effectués et à la recherche d’un regard critique.

Voici quelques images sur la partie édition et  tri dans le but d’une exposition ou pour publication.

 

Vous retrouvez ici les travaux effectués pendant ce weekend par certains des autres participants au stage http://vuworkshops.wordpress.com/2013/04/30/malek-chauffeur-de-taxi/

 

Merci Darcy pour tout ce que tu nous as transmis tant émotionnellement qu’au niveau de ton savoir photographique. Et merci à l’agence VU’ et particulièrement à Mathias pour l’organisation de ces stages.

Thank you Darcy for everything you provided us with, both at an emotional and photographical level!

http://vuworkshops.wordpress.com